jeudi 3 juillet 2014

Bukhara-Khiva-Samarkand-Francfort... Strasbourg

Vous l'aurez compris, cet article annonce la fin de ce voyage et j'ai le cœur un peu serré en l’écrivant, même si je suis contente de rentrer passer l'été en France et que je sais qu'il est facile de repartir, incorrigible voyageurs que nous sommes...

Mais revenons sur la Route de la Soie! Le trajet de Bukhara a Khiva a comporté tous les éléments d'un voyage comme on les aime: taxi collectif sur 500km (6 heures de route), fameuse  "taxe touristique" pour le prix du billet (sans doute 30% de plus que les locaux), nous devions être 4 passagers et je me suis retrouvée avec un gamin de 12 ans quasiment sur les genoux, soit-disant pour 40 km puis pour 100 km, jusqu’à ce qu'on râle au bout de 2h et que le gamin déménage sur les genoux du type devant. En prime, le chauffeur qui est soit qu téléphone soit en train de s'endormir et les autres passagers patibulaires qui s’étalent et s'endorment sur nos épaules! Et bien sûr, pas de clim pour traverser le désert du Kyzylkum, 60 degrés au soleil! Pause dans un endroit improbable avec contrôle de police, tente café, désert jonché de détritus et pipi derrière le buisson rabougri de la prochaine dune - ça manquait de dromadaires mais nous a quand même donné une idée des plaisirs des caravanes!


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Arrivée à Khiva et soudainement, fin du désert, plein d'arbres fruitiers, champs de coton au bord du fleuve Amou-Daria (qui nait dans les montagnes du Pamir et se jetait dans la Mer d'Aral quand elle existait encore).  La vieille ville de Khiva entourée de ses remparts est par contre une endroit quasiment uniquement minéral: mosquées, madrassas et maisons faites de briques et de pisé dans les ton jaunes qui contrastent magnifiquement avec les céramiques bleues et vertes des bulbes et des ornements. Khiva est une ville de 200.000 habitant es dont les monuments remarquables datent du XVIII. Mais la vieille ville a vraiment quelque chose de féerique à tous les moments de la journée. La chaleur est encore plus intense ici  les rues sont vides dans l’après-midi, donc on a un peu l'impression que l'on est dans un autre monde au milieu de ces remparts et de ces hauts murs et que le temps s'est arrêté. Quand les ruelles s'animent et que les commerces ouvrent, on peut réellement s'imaginer la vie au temps de la splendeur de la ville, quand les chameaux et ânes par dizaines amenaient les marchandises dans les bazars. Le soir, la lumière du couchant enveloppe les murs jaunes et les céramiques bleues de teintes douces et magnifiques. Et la nuit, les ombres des minarets, les bâtiments peu éclairés et les lits des habitants sortis dormir dans leurs jardins donnent l'impression d’être dans un conte des mille et une nuits.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
J'ai donc beaucoup aime Khiva, mirage de pierre au milieu de nulle part.



Le voyage Khiva-Samarcande a également tenu ses promesses: 15 heures dans un train couchette soviétique. Train vieillot mais plutôt confortable et avons passe une belle soirée dans le wagon restaurant -malgré les 50 degrés!- à déguster quelques bières de moins en moins fraiches en admirant le coucher du soleil sur le désert. Magnifiques paysages de la vie rurale au petit matin et arrivée sans encombre à 6h à Samarcande, ultime étape de ce voyage.


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Samarcande, ville mythique, visitée par Alexandre le Grand, par les Polo, par Ibn Batuta, détruite par Gengis Khan au XIIIe siècle et qui connut la grandeur quand elle était la capitale de Tamerlan, puis la ruine à partir du XVIIIe. Les monuments construits par Tamerlan et ses descendants au XVe siècle sont  grandioses, plus impressionnants encore que ceux de Bukhara ou de Khiva, mais les larges avenues vides laissent une impression étrange.. En réalité, tout a été rénové quasiment entièrement et en 2009, les autorités - le président dictateur Karimov originaire de Samarcande - on décidé de "recréer" la ville pour cacher et séparer les monuments historiques des quartiers populaires dans lesquels ils étaient imbriqués. Un mur a été construit tout autour du quartier historique, des maisons rasées, des commerces détruits et le tout, aseptisé, ce que l'on ressent clairement en se promenant ici. Voir un article complet a ce sujet: http://blog.mondediplo.net/2011-02-18-Ainsi-meurt-l-ame-de-Samarcande

Mais ne boudons pas notre plaisir. Samarcande est un décor de rêve parsemé de monuments incroyables mais aussi une ancienne ville russe très agréable aux larges boulevards plantés de beaux arbres, parcs ombrages et belles maisons du XIXe (c'est assez rare dans ces villes d'Asie Centrale pour être noté!).
 
 Le Registan et la plupart des monuments étaient quasiment en ruine jusque dans les années 80 et la rénovation est extraordinaire: portails monumentaux, céramiques d'une richesse que nous n'avons vue nulle part ailleurs et équilibre des constructions. Nous avons en particulier beaucoup aimé la nécropole Chah e Zindeh ou sont fait enterrés des émirs, reines et personnages importants du XIIIe au XVe siècle.



















L’Ouzbékistan nous a aussi offert quelques belles rencontres d'autres voyageurs dans les cours ombragées des auberges autour d'une petite mousse locale et entre les matches de foot. La Route de la Soie fascine toujours et les voyageurs au long cours sont assez nombreux, couples suisses à vélo depuis Bern, français en voiture depuis la Savoie, Chinois faisant la route à vélo dans l'autre sens avec son caniche.
 
Finalement, notre belle aventure de 4 mois en avion-train-bus est plutôt modeste!



Et voilà, arrivée ce matin de Tachkent à Francfort puis 2 heures de train pour Strasbourg où nous avons croisé le train chargé d'eurocrates qui partait pour Bruxelles, cravates et sacs à dos qui se croisent! Atterrissage en douceur dans l'été alsacien qui nous a quand même laissés un peu perplexes, étonnés d'être là... conclusion à 4 mains à suivre...
 


dimanche 29 juin 2014

Ouzbekistan, episode 1

Solomoleikom mes amis!

Oui je sais en arabe on dit Salamaleikum, mais ici en Ouzbekistan ils prononcent tout avec des 'o', donc Tashkent la capitale devient Toshkent, leur religion c'est l'Islom et le the c'est du tchoi. Donc voila, ca fait un peu arabe avec l'accent ch'ti...

Nous sommes bel et bien arrives au coeur de la route de la soie, les oasis en plein desert, les caravanserails et les bazars ecrases de soleil. Apres le Kazakhstan et sa culture nomade, l'Ouzbekistan est tres different. Petit rappel historique: Kazakhs et Ouzbeks proviennent d'une seul peuple, sauf que les premiers sont restes nomades jusqu'au 20e siecle tandis que les seconds se sont sedentarises et on ete soumis a l'influence turque. Et la difference actuelle est flagrante. Par exemple les villages Kazaks sont reduits a la plus simple expression: une maison basse carree et un toit de tole posee dans la steppe, et rien autour (ni potager ni verger ni pelouse ni grillage), avec de preference une grosse bagnole (vestige de l'importance de la monture). Ici c'est un peu le contraire: les villes ont une longue histoire, les gens entretiennent des jardins et mangent des fruits et legumes, et Tashkent est parcourue de petites voitures japonaises. La langue est differente puisque l'Ouzbek comporte une bonne moitie de mots turcs. Enfin la physionomie aussi est tres differente: les Kazakhs avaient les traits clairement asiatiques tandis qu'en Ouzbekistan les gens ont un air plus turc que veritablement asiatique. Cette impression est renforcee par l'habillement 'classique' avec calot pour les hommes et foulard colore pour les femmes. L'Islam est assez discret: les appels a la prieres du haut des minartes sont interdits et il n'est pas rare de voir des femmes entre elles au restaurant, habillees a l'occidentale, carburer a la biere et a la vodka a l'heure du dejeuner. Depuis hier c'est le ramadan mais on ne remarque pas grand chose a priori.

Tout sourires... AVANT de passer les frontieres


















Mais commencons par le commencement: le passage de la frontiere terrestre. Eh oui, il en est des memorables, et celle-ci en fait partie. La sortie du Kazakhstan s'est presque passee normalement, a part qu'il manquait un tampon sur la fiche d'arrivee de Cecile. Donc comme un debile de douanier avait oublie un tampon a notre arrivee a l'aeroport d'Almaty, les debiles de douaniers a la frontiere avec l'Ouzbekistan etaient tout penauds, genre je me gratte la tete et j'appelle mon chef... Il leur a fallu une heure de coups de telephone, de lecture de reglements et de discussions pour enfin nous laisser partir du Kazakhstan, mais avec le sourire et leurs plates excuses, ce qui est tout a leur honneur. En revanche l'entree en Ouzbekistan etait plus penible, non pas a cause des reglements douaniers mais a cause du comportement quasi bestial des autres personnes qui passaient. On savait qu'il fallait declarer toutes nos devises et nos appareils electroniques (et normalement meme nos medicaments, mais personne ne nous l'a demande), donc nous avons dument rempli les fiches. Ce qui etait vraiment chiant par contre, c'est qu'il fallait passer par un portique metallique et tout le monde poussait, bousculait comme des idiots alors que le douanier au bout prenait tout son temps de toute facon. Et tout ca dans un hangar par 40 degres. J'avoue que c'est le genre de comportement totalement cretin qui me met hors de moi, et je l'ai fait comprendre aux gars qui compressaient cecile dans la file.... Bon, deux heures plus tard on etait dans le pays, et le reste du pays sera beaucoup mieux que le passage a la douane.

Vendeurs d'oiseaux au bazar

Downtown Tashkent, au parc

Style sovietique (le batiment 'spoutnik')
Tashkent s'est averee une ville tres agreable dans la chaleur estivale: de grandes avenues, des arbres et des espaces verts (et des abricotiers en pleine ville!), un metro rapide et quasiment vide, des commercants affables, des bazars abondemments achalandes en fruits, legumes et artisanat... Pour cause de tremblements de terre successifs et 70 ans de communisme il ne reste pas grand-chose de la vieille ville. Tout ou presque n'est que batiments sovietiques -parfois etonamments reussis- ou postsovietiques avec une preference pour d'imposantes batisses aux vitres fumees. Le peu de la vieille ville n'est pas impressionnant au premier abord, si ce n'est que quand on regarde dans les cours interieures on apercoit les arbres fruitiers, parfois une piscine et un lit "d'ete", c'est a dire que les gens dorment dehors pendant plusieurs semaines en ete. A part ce la ville -et le pays entier- est assez flique: il faut s'enregistrer aupres des autorites a chaque deplacement d'une ville a l'autre (un service assure en fait par les 'gastinitsa', les petits hotels prives), les policiers nous demandent nos papiers en prenant le metro, il faut ouvrir son sac, et pour prendre le train il faut passer au rayons X. Un petit parfum de regime autoritaire, mais curieusement l'image de leur Grand Chef est beaucoup moins presente qu'au Kazakhstan: la-bas il y avait des panneaux de propagande d'etat un peu partout, ici pas du tout.

Ce qui est deroutant dans la vie quotidienne en Ousbekistan, c'est leur 'systeme' monetaire. La monnaie officielle est le Soum, et le taux de change officiel est actuellement autour de 2200 soums pour un dollar et 3200 soums pour un euro. Sauf que personne n'utilise le taux officiel: dans les bazars on trouve des changeurs non officiels qui utilisent des taux de 3000 pour le dollar et 4000 pour l'euro. Etant donne que la plus grosse coupure est de 5000 soums mais qu'en general c'est des billets de 1000, concretement on echange un billet de 100 euros contre un sachet plastique rempli de 400 billets. Parfois les changeurs nous emmenent meme dans des commerces equipes de machines a compter les billets pour nous eviter de compter a la main. C'est cocasse... En plus de ca il faut tenir compte que certains services (officiels) affichent des prix en dollars officiels tandis que les commerces (prives) affichent des prix en dollars proches du taux non officiel... Donc autant se ballader avec son boulier, parfois c'est pas simple. Je ne suis pas economiste, mais je me demande quel est l'interet pour un etat de tolerer ce genre de systeme.... faudra qu'on m'explique. Il parait d'ailleurs que c'est pareil dans l'Iran voisin.

Apres Tashkent, le premier episode de notre viree nous a bien entendu emmene sur l'ancienne route de la soie, en commencant par Boukhara (prononcee ici Boukoro, bien sur). Sept heures de train "rapide", propre et ponctuel... mais pas de clim. Par 45 degres ca fait mal...



Cette region est un peu une continuation de ce qu'on a vu en Inde, mais aussi le desir de voir enfin ces villes dont on a tant entendu parler ou vu tellemant d'images. Avant de venir je pensais que ces villes de la route de la soie seraient un peu comme ces vieilles cites du desert poussiereuses, ecrasees de soleil, decaties et cahotiques comme on en a vu en Inde ou en Syrie il y a quelques annees. Eh bien pas du tout. Ici c'est absolument nickel, de veritables musees a ciel ouvert, avec des monuments entretenus et retapes de frais (parfois meme trop retapes), des hebergements aux 'normes' europeennes, des cafes, des restos en terrasse, des boutiques ou les commercants nous interpellent en francais. C'est assez deroutant au debut, et le soir la place principale de Boukhara a meme des allures de Las Vegas, avec son bassin borde de statues de chameaux, la musique d'ambiance dans les restaurants et les illumination des mosquees. Le jour on en prend plein les yeux avec ces couleurs bleu et vert sur les batiments et les formes gracieuses des coupoles et des minarets.


















Boukhara, c'est un peu l'archetype de la ville de la route de la soie et qui se trouvait a un noeud du parcours: pendant des siecles, les marchands venaient d'Europe soit par le sud (Turquie et Caucase) soit par le nord (actuelle Russie), pour ensuite aller a l'est, vers l'Inde (Afghanistan, Pakistan) ou vers la Chine. Comme toutes les villes de la region, elle a ete successivement perse, grecque, arabe, puis rasee en 1220 par le terrible Chengis Khanm ensuite elle est devenue un emirat avant de tomber aux mains des russes. Mais en plus de cela la ville etait un des lieux saints de l'Islam: des dizaines de mosquees et des madrassa (ecoles coraniques) pour accuillir 10.000 etudiants et des milliers de voyageurs. C'etait aussi un haut lieu du soufisme, ce courant spirituel de l'islam dont les details m'echappent toujours malgre les explications d'un guide. Ce que j'ai retenu c'est que le soufisme considere qu'il faut vivre dans le present car si on vit dans le passe on devient depressif et si on vit dans l'avenir on devient anxieux --une idee qui m'a bien plu. Je ne vais pas vous faire le topo historico-culturel complet (pour ca il y a Google et Wikipedia), donc libre a vous d'en savoir plus...
Deco d'enfer dans notre Gastinitsa
 Encore maintenant la region attire les voyageurs de tous horizons, et curieusement aussi les cyclistes: on est tombes sur un espagnol qui ralliait Barcelone a Bishkek. Il venait de traverser le Turkmenistan et il etait cuit, pret a faire un saut en avion apres des centaines de kilometres dans le desert par 50 degres a l'ombre, sans ombre. Et puis des francais en voiture, aussi. Ils ont mis deux mois et allaient aussi a Bishkek... Et puis des francais et des allemands routards comme nous, avec qui on a regarde quelques matches de la coupe du monde, parfois tres tard a cause du decalage horaire pas tres pratique ici.

Je termine avec Boukhara avec une agreable surprise: un soir qu'on voulait visiter une madrassa, des policers a l'entree nous ont fait comprendre qu'il y avait un concert payant d'un chanteur francais. "Mais on est francais!!!". Ils nous ont fait rentrer et on est tombes sur le concert de Mathieu Boogaerts, organise par l'institut francais d'Ouzbekistan. Le public local etait assez desarconne au debut car c'est de la musique plutot intimiste avec des chansons a texte, mais la mayonnaise a pris quand il leur a demande de chanter les refrains avec lui. Un beau moment...

Le concert de Mathieu Boogaerts
J'en profite pour noter qu'au fil de notre voyage malgre le rouleau compresseur anglo-saxon, l'action culturelle francaise est discrete mais efficace: au Ladakh on avait visite la tres sympatique alliance francaise de Leh, a Almaty le consulat organisait des concerts pour la fete de la musique et ici aussi ils organisent des concerts. Bravo!

Voila c'est tout pour aujourd'hui, je suis sur que j'ai encore oublie des trucs que je voulais ecrire, parfois j'y pense pendant les heures de trajet ou pendant les heures chaudes de la journee a attendre que la temperature redevienne vivable, et puis j'oublie...

Au fait: notre periple commence a bientot, presque, enfin pas encore mais bon... toucher a sa fin. Suite au prochain episode.

Bises a tous! MARC

jeudi 19 juin 2014

Changement de decor, Kazakhstan zdrastvuyte!

Alors voila, comme Marc le disait, nous avons quitte l'Inde apres plus de 2 mois de voyage fascinant, etourdissant, un peu epuisant par moments et il nous reste des visages, des sourires, des paysages dans la tete et quelques kilos de babioles souvenir en tous genres qui nous attendent en Alsace. Dernier cadeau de cette magnifique partie de notre voyage: l'Everest apercu pendant un long moment pendant notre voyage en avion vers l'Asie centrale. C'etait pour moi un moment tres emouvant que d'apercevoir cette enorme masse de montagne immuable au-dessous de nous alors que nous partions vers d'autres aventures!

Et nous voila repartis pour la decouverte d'un nouveau pays. Nous sommes arrives a Almaty, ancienne capitale du Kazakhstan et toujours capitale economique et culturelle du pays, depuis la decision de Nazerbaev, immuable president depuis 1989, de transferer en 1997  la capitale a Astana, ville de province qui depuis a vu champignoner les gratte-ciels. On ne savait pas grand chose du Kazakhstan, vous peut etre non plus, donc quelques mots d'histoire-geo pour commencer. Enorme pays (6 fois la France, la pointe ouest etant plus proche de Vienne que d'Almaty) et seulement 14 millions d'habitant e s. Ce que l'on en sait: la horde d'or, la steppe et donc oui, le pays est en grande partie plat et la steppe, ca peut etre joli, grandes etendues d'herbes qui ondulent dans le vent avec parfois un troupeau de chevaux. Ou moins drole: nuages de sable, 40 degres l'ete, gel l'hiver et tres peu d'arbres. Les freres Polo n'ont pas du se marrer tous les jours!!!

Le Kazakhstan en tant que pays est une invention sovietique, avant ca, il y a eu des royaumes, des envahisseurs (notamment Chingis Khan - dont apparemment 16 millions d'hommes en Asie centrale portent un chromosome Y) et puis surtout, des nomades avec yourtes et troupeaux jusqu'a l'avenement des soviets. La, fini le nomadisme, Moscou a oblige les nomades a se sedentariser et a pratiquer l'agriculture, ce qui n'a pas manquer de causer la mort de quelques millions de personnes. Et puis aussi quelques catastrophes environnementales: l'assechement quasi total de la mer d'Aral, des essais nucleaires massifs dans la region appellee Polygon et la sur-exploitation des sols.

Les frontieres etant largement artificielles et les russes presents depuis le 18e siecle (alliance conclue pour se proteger des mogoles et abusee par les russes par la suite), cela se traduit par une population tres diverse, russes blonds aux yeux bleus, personnes aux traits asiatiques tres fins et descendants plus costauds qui nous rappellent les portraits du fameux Chingis.Les 2 langues officielles sont le Kazakh et le russe et donc pendant les matches de foot, c'est le systeme a la belge qui prevaut; 5 minutes de commentaire en russe et 5 minutes en Kazakh.

A ce propos, mention speciale pour le russe de Marc qui nous a permis un voyage sans accroche et sans ragout de langue de cheval dans l'assiette jusqu'a present, je suis illetree ici, donc impressionee par les connaissances de Marc!

Question assiette, apres plus de 2 mois en Inde, paradis des vegetariens et quasiment sans alcool, le contraste ne pourrait pas etre plus grand... pendant des siecles, le regime local etait compose presque uniquement de lait de jument fermente et de viande de boeuf et de cheval bouillie et ca n'a pas enormement change. Des 10h du matin flotte partout une odeur de shashliks (brochettes) et les cartes des restaurants comportent peu d'elements vegetaux - a part de tres bonnes salades tomates/concombres- On a goute le lait de jument (kumis) mais meme si on aime beaucoup le yaourt, lassi, ayran et autres boissons lactees, le kumis... c'est une autre dimension dans la rusticalite, que je vais personnellement eviter a l'avenir! Mais malgre tout, d'excellents fruits sur les marches, c'est la saison des abricots, des cerises et des peches. Et nous sommes au pays de la biere et de la vodka... je n'en dirai pas plus!

Le Kazakhstan est aussi le pays le plus riche de la region du fait de ses gros gisements de gaz et de petrole. C'est ce qui a aussi permi au president de rester au pouvoir si longtemps malgre l'absence de democratie et la corruption. Certaines personnes nous ont dit; la famille du president est deja tres riche, si d'autres arrivent au pouvoir maintenant, ils vont devoir devenir riches donc autant garder les memes!
En arrivant d'Inde a Almaty, nous avons ete frappes par la proprete des rues, la circulation fluide sur de grandes avenues a 4 ou 6 voies, pour nous c'etait l'Europe! Mais une Europe avec beaucoup plus de Hummers et d'enormes 4/4, de preference blancs, impressionant le nombre de grosses voitures et de personnes qui se deplacent avec des garde du corps . Hier a Shymkent autre ville, nous avons meme vu une enorme mecerdes doree suivi d'un attelage de 6 Hummers, un peu comme si les voitures remplacaient les chevaux.. la Horde d'Or n'est pas loin. 

Almaty est une ville nouvelle, les maisons sont quasiment toutes des "Platenbau" sovietiques assez bien conserves, assez moches donc, mais avec beaucoup d'arbres partout, des parcs, des terrasses, la vue sur les montagnes alentours et des petits canaux partout qui descendent des montagnes. Nous avons malgre tout vu des matriochka demander de l'argentet la vie nous semble chere - surtout que les salaires, par exemple des enseignant e s, ne sont pas hauts comme nous l'a explique Frauke, une amie d'amis rencontree a Almaty. Les villages vus en passant nous ont egalement sembles plutot pauvres. Tous les musees que nous avons visites comportent imanquablement tout un etage a la gloire du president (la tasse du president, le president avec Poutine, le president fait du tracteur etc), mais la prosperite venant des richesses naturelles est inegalement repartie et 12% des gens vivent sous le seuil de pauvrete. 

Nous avons bien profite de l'offre culturelle avec un grand moment a la soiree de gala de pour le 80e anniversaire de l'opera d'Almaty. "Tenue de soiree exigee"... apres 3 mois de voyage, nos sacs a dos n'avaient pas grand chose de soiree a offrir, nous avons donc du negocier notre entree pour profiter d'un meddley de 2 heures d'extraits de ballets et d'air d'opera, le tout tres classique (tutus pour les femmes et moule moule pour les moujiks) et un peu tatapoum a mon gout, mais de bonne qualite et ambiance tres chouette. J'ai beaucoup aime le fait qu'a la fin, les spectateu rice s montent sur scene pour offrir des fleurs a l'artiste de son choix, jugement du public en live!

Question look feminin, je me dois de dire quelques mots d'une caracteristique locale: la robe-rideau, elle se decline de diverses facons, de la menagere de type post-sovietique avec socquettes a la jolie gazelle des steppes, mais avec des points communs au niveau des imprimes (souvent fleuris). Par contre, meme si le pays est majoritairement musulman, les femmes sont peu voilees ou alors tres legerement et en blanc ou en couleurs

Apres 3 jours a Almaty, nous decouvrons maintenant le sud du pays, avons passe une journee assez peu memorable a Shymkent, ville de 400.000 habitant e s avec un petit musee, un bazar (fruits secs et viande sans frigo) et quelques cafes a shashliks et terrasses agreables - soiree passee a regarder du foot avec les pros du Shymkent Football Club venant d'Ouganda, du Senegal et du Bresil qui habitaient dans le meme hotel que nous.. un peu surrealiste. Et ce matin, reveil en fanfare par la megere de la reception pour nous virer comme des malpropres a 8h du matin... parce que nous etions arrives a 8h du matin la veille... logique imparable et amabilite de type soviet 3e generation!






















Et aujourdh'hui, decouverte du mausolee soufi de Turkistan, bati par Tamerlan au 14e siecle, magnifique dome couvert de ceramiques bleues avec caracteres arabes. C'est incroyable et magique de voir apparaitre ce monument immense au detour de la steppe. Gros contraste aussi avec le mausolee soufi visite en Inde, ici, pas de foule, pas de presse, de musique, de petales de roses et de tissus dores, juste des prieres murmurees dans une salle crepie de blanc!

Notre hotel "Turkistan" au dome neo bleu....
Et le mausolee au dome bleu du 14e siecle



















Route de la Soie, nous revoila!






























Pour finir, nous avons ete contents de trouver de la continuite dans notre voyage, malgre notre saut en avion au-dessus des Himalayas et des chinois, certaines choses semblables entre le nord de l'Inde et ici: les curieuses poches en cuir pour porter les bols a the que nous avons vues dans tous les musees, les balais faits de branchages noues ensemble et les briques de boue pour faire les murs notamment, et aussi le plov (plat de riz pilaf appele pulao en Inde).

Grosses bises

Cecile

vendredi 13 juin 2014

Ladakh, le pays des cols (suite) et Inde (fin)

Mes biens chers!

Ce soir est notre derniere soiree en Inde et c'est seulement depuis cet apres-midi a 16h15 que nous sommes enfin surs de continuer demain vers ... le Kazakhstan! Le suspense a ete long et eprouvant pour nos nerfs ces derniers jours car ces messieurs-dames des consulats du Kazakhstan et de l'Ouzbekistan ont pris un plaisir presque sadique a nous laisser mijoter jusqu'a la fin (3 semaines apres notre demande!) pour finalement nous octroyer un visa a la derniere minute. Mais on y est arrives! Pour commencer: petit retour en arriere pour continuer avec nos peripeties dans la derniere region visitee, le Ladakh.

La derniere fois Cecile avait decrit par le menu nos visites de monasteres et de monuments bouddhistes dans la vallee de l'Indus. Mais Ladakh signifie 'Pays des Cols' en langue locale puisque la region est parsemee de montagnes, de vallees et donc de cols. Alors forcement on ne peut pas rester au Ladakh sans se frotter un peu a la montagne.... ce que nous avons fait, d'abord en voiture puis bien sur a pieds. Vu le relief et l'altitude, ce ne sont pas des cols de marioles: les vallees sont a 3500 metres d'altitude, les sommets entre 6000 et 7000, donc logiquement les cols s'echelonnent entre 4500 et 6000 metres.

Apres les quelque jours d'accoutumance necessaires a l'altitude (le temps de ne plus avoir l'impression de faire un jogging quand on monte seulement de deux etages) et apres la fin de la greve des fonctionnaires qui delivrent les permis d'acces aux zones frontalieres avec la Chine et le Pakistan (la greve est un concept universel), on a contacte une agence pour aller dans la vallee de Nubra en voiture avec chauffeur, ce qui signifie passer le Khardung La, c'est a dire la route carrossable la haute du monte: 5600 metres. Eh ouais... bien plus haut que le Mont Blanc, plus haut que le Caucase... et tout ca presque tranquillement en voiture avec un chauffeur un peu taciturne qui passait de la musique pop locale en boucle et accompagnes d'un autre couple de francais, deux trentenaires qui ont vendu leur appartement pour faire un tour du monde en un an (ils venaient literalement de debarquer au Ladakh deux jours apres le decollage de Roissy). Le Khardung La n'etait pas une fin en soi puisqu'il s'agissait d'un passage vers une vallee adjacente, mais ca nous a quand meme fait bizarre de nous retrouver a cette altitude, avec une petite pause de 10 minutes pour la photo et pour accrocher des drapeaux de prieres bouddhistes (c'est un rituel incontournable) et admirer les indiens en goguette (certains en tongs!), les occidentaux qui se font un point d'honneur a monter avec les motos 'Royal Enfield' 500cc de location, et quelques fadas qui essaient de faire le col a velo. En fait comme le Ladakh est un coin tres sec et assez chaud en ete, il n'y avait pas vraiment de neige au col et l'air etait piquant mais sans plus, pendant qu'au loin on admirait la barre du Karakarum avec ses sommets a 7600 metres qui marque la frontiere avec le Tibet occupe par la Chine.
Khardung La, 5600 metres
Vers la vallee de Nubra, et au loin le Karakorum

La valle de Nubra elle-meme est un monde en soi: un paysage sec, lunaire, avec seulement de la vegetation le long des rares cours d'eau, au point qu'a certains endroits le vent a fabirque des dunes de sable et.. qu'on y croise des chameaux de Bactriane. Les memes bestioles poilues qu'on trouve aussi en Mongolie et en Asie Centrale. L'endroit etait ferme aux etrangers jusqu'a la fin de annees 90 et petit a petit les villages s'ouvrent au tourisme. Il n'y a guere que le glacier du Siachen qui reste zone interdite car c'est la zone de conflit la plus elevee du monde: des soldats et des canons Indiens et Pakistanais se regardent en chiens de fayence a 5000 metres d'altitude sur la ligne de demarcation du Cachemire revendique par les deux pays. Mais rien de tout ca ne se devine dans la tranquille et magnifique vallee: des petits villages avec des campings de luxe et des guest-houses, un endroit ou l'on peut se baigner dans des sources chaudes, et bien sur encore des temples et des monasteres bouddhistes. Malgre l'afflux de touristes qui apportent de l'argent et des idees 'etrangeres', la vie des villageois est encore largement rythmee par les imperatifs de la nature, et je prefere ne pas imaginer comment est la vie ici l'hiver quand il fait -20 degres et que la vallee est coupee du reste du monde.

Apres Nubra en voiture on a quand meme voulu marcher pour de bon. Ici les treks font minimum 5 jours (cela va jusqu'a 20 jours pour les longs treks qui se terminent au sud, a Manali ou nous etions au mois de mai) mais comme on n'est pas venus specialement pour ca, contrairement aux centaines d'occidentaux (sur)equipes qui debarquent a l'aeroport, on a fait un boucle de deux jours pres de Leh. Et comme on est au Ladakh, tout est un peu plus grand et un peu plus exaltant qu'ailleurs, et 'une boucle pres de Leh' ca voulait quand meme dire passer le Stok La, un 'petit'col a 4900 metres... donc legerement plus haut que le Mont Blanc! L'idee nous plaisait et pour ne pas avoir de mauvaises surprises nous avons contacte un guide pour nous accompagner, meme si cela s'est avere inutile sur le terrain. Quoique... Le premier jour a ete tres court, on a passe l'apres-midi a Rumbak, un village avec des airs de bouts du monde: pas de route, pas d'eau courante dans les 11 maisons qui composent le hameau, et une vie rurale vraiment impressionnante car elle est authentique de la vie au Ladakh. Nous avons dormi chez l'habitant, chez un vieux couple (il n'y a pas de jeunes au village en ete, ils sont a l'ecole en ville) . Le soir les femmes rentrent les vaches, les hommes bricolent les maisons pour preparer l'hiver, chacun remplit un role que lui a attribue a collectivite: entretenir les canaux de la riviere, d'occuper des betes la journee, construite les murets autor des pres, etc... meme le tourisme est collectivise car chaque foyer accueille des etrangers a tour de role, ce qui evite les rivalites. Le soir nous avons mange des pates d'orge dans la piece la plus importante de la maison, la cuisine ou brillent des centaines de pots. Puis on a goute le 'tchang', une boisson de cereales frelatees legerement alcoolisee, qui fait office de bien locale. La encore nous realisons a quel point la vie au Ladakh est rude, avec ces montages et ce climat incroyable. Une blague locale dit que si on s'assoit moitie a l'ombre et moitie au soleil, le Ladakh est le seul endroit du monde ou on prend un coup de soleil sur le visage et des engelures aux pieds. Ceci vaut pour l'ete, bien entendu, car l'hiver il n'y a que froid, froid et froid (faute d'arbres le bois est rare, et pour se chauffer a la bouse sechee quand il fait -30...).
Le cafe du commerce, version Ladakh.
Dans les rues de Rumbak

Le lendemain le Stok La nous a reserve une petite surprise: au fur et et mesure de la montee le temps s'est assombri, et le passage du col s'est fait dans des bourrasques de neige, ce qui est tres rageant car tout ca a dure moins d'une heure, avant et apres le temps etait parfaitement normal avec un grand ciel bleu et quelques nuages innofensifs. Donc sur le moment la presence d'un guide nous a quand meme rassures... Ceci dit il fait beau au Ladakh mais le pentes sont raides et l'altitude est bien presente, et franchement nous n'etions plus tres vifs dans les derniers metres de la montee avant le passage a 4900.
Au Stok La, 4900 metres
Sale temps... normalemet on voit les sommets

Quoi qu'il en soit c'etait une belle experience, d'autant plus que la descente s'est fait par une magnifique vallee --ou nous avons encore croise des francais, qui partaient faire le sommet local, le Stok Kangri a 6100 metres. C'est un 6000 'facile' mais au Ladakh il faut prevoir tout le bivouac et le portage du materiel avec des chevaux.... y compris un cheval rien que pour porter la nourriture des autres chevaux puisqu'il n'y a absolument rien a brouter dans ce paysage lunaire... c'est un peu trop d'organisation a mon gout et je ne crois pas que les longs treks me plairaient...
Pause tricot pendant les beaux jours

Cela fait maintenant 2 jours que nous avons quitte le Ladakh, et malheureusement Delhi la febrile s'est ajoutee aux sensations eprouvees la haut dans les montagnes.  Pour moi le Ladakh a ete un veritable coup de coeur, j'y ai apprecie les gens, la culture, les paysages. Depuis des annees je voulais voir ce 'petit Tibet' et la realite a depasse mes attentes. Comme quoi la vie a de belles surprises en reserve.

Bon les cocos, vous allez rire car on voyage au long cours mais la on est a la bourre! On a un avion demain et plein de choses a faire encore :-)

bises a tous ---MARC










dimanche 8 juin 2014

Jullay Jullay du petit Tibet

Jullay, le mot magique ici au Ladakh, qui veut dire bonjour, au-revoir, merci et garantit toujours un sourire. Nous voila donc de retour en montagne, a Leh, ville de 10000 habitants au milieu des Himalayas et pour tout vous dire, c'est FANTASTIQUE!

Un peu de geographie pour commencer: nous avons quitte Delhi et ses 47 degres et avons atteri ici, dans la vallee de l'Indus a 3500 metres d'altitude apres un survol inoubliable de ces magnifiques montagnes. L'Indus, fleuve mythique au milieu d'une grande vallee avec au nord, la chaine du Ladakh et au sud, la chaine du Zanskar et celle de l'Himalaya. Les sommets alentours vont de 4000m a 7000m, nous avons egalement perdu environ 30 degre au niveau thermique (a ce stade, je ne les regrette pas!) mais le soleil tape dur. 
Arrivee spectaculaire...


L'Indus
Le coin est tres sec car les pluies de mousson sont arretees par les chaines de montagne. L'hiver evidemment, il fait vraiment froid et il n'y a pas trop d'intersaisons Cette contree est fascinante et assez mysterieuse aussi, nous nous posons surtout la question de savoir comment des populations ont survecu pendant des siecles dans ce qui est considere comme un desert froid a de telles altitudes.
 
Nous avons aussi un peu quitte l'Inde proprement dite puisque les gens ici sont de langue et de culture plutot tibetaine. C'est un peu plus complique que ca en fait, en gros, il y a deux familles linguistiques, indo-europeenne et birmo-tibetaine. Du point de vue de la physionomie des habitants, il y a des tibetains, mais aussi des gens au physique indo-europeen, qui nous ressemblent vraiment, a part leur beau teint cuivre et leurs cheveux et yeux fonces. Et cote religion, certains sont bouddhistes et d'autres musulmans, et ce, depuis des siecles. Il faut dire que Leh se trouvait pendant longtemps a un des carefours de la route de la soie entre la Chine, l'Inde et l'Asie centrale. La fermeture des frontieres de l'URSS, l'invasion du Tibet par la Chine et les tensions avec le Pakistan ont eu raison de ce grand brassage de population et de commerce, le tourisme a pris le relai depuis les annees 70.
Le monastere de Leh
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L'ancienne mosquee et le palais de Leh

Mais revenons a nos aventures. Nous avons commence notre exploration en louant un scooter pour aller visiter les villages et surtout les monasteres alentours. Une grande partie de la richesse de la region, c'est les traditions bouddhistes et surtout, les monasteres. La vallee de l'Indus comporte des dizaines de monasteres bouddhistes (gompas), et des milliers de stupas de toutes tailles (chorten) et de murs de mani, de longs murs composes de galets sculptes de mantras sacres.  En gros, dans chaque village, sur de beaux promontoires rocheux des monasteres ont ete construits, pour certaines des le XI. Il y a entre 30 et 100 moines dans les monasteres que nous avons visites, tout habilles de rouge. 
Mur de mani


















Du point de vue architectural, imaginez le Potala a Lhasa, ca y ressemble souvent beaucoup. Pour l'interieur des temples ... autant le paysage peut etre aride, autant les couleurs explosent, sur les fresques (datant parfois jusqu'au XIe siecle), sur les bouddhas, les murs, les piliers, les ornements! Et n'imaginez pas de simples representations du Bouddha, le bouddhisme tibetain comprend aussi toute une serie de personnages protecteurs, souvent assez effrayants, avec des cranes, en train de s'auto-devorer, avec des dizaines de bras et de tetes, ils sont bleus, rouges,sont assis sur des tetes de lion, bref on pourrait contempler ces fresques pendant des jours sans en faire le tour - et je ne parle meme pas de comprendre leur signication theologique. Les bibliotheques des monasteres contiennent d'ailleurs des centaines de volumes de l'enseignement du Bouddha a cet effet mais aussi sur l'astrologie, la medecine etc.
Monastere sur une coline


Divinite protectrice


Bibliotheque de tablettes de l'enseignement du Bouddha


















Et bien sur, omnipresente, l'image de "H. H.", comme on dit ici, soit "His Holiness", Sa Saintete le 14eme Dalai Lama, qui sera d'ailleurs ici dans 10 jours. Malheureusement nous serons deja partis, dommage, j'aurais vraiment aime ne serait-ce qu'appercevoir le saint homme pour accumuler un peu de bon karma (!!), et surtout, assister aux festivites qui seront sans doute grandioses - un peu comme la visite du pape, mais sans doute avec plus de musique, de couleurs et de danses. D'ailleurs nous avons deja pu assister au grand nettoyage de printemps pour preparer la visite dans les monasteres alentours, ca rigole pas!
Nous avons deja bien parcouru les alentours avec notre petite machine -c'est un peu surrealiste de se dire qu'on fait de la mobylette dans l'Himalaya mais c'est assez pratique comme moyen de transport pour de petites distances. 


 La vallee est tres large et certains endroits sont vraiment desertiques, parfois quand ont voit des maisons posees au mileu de ces paysages lunaires de pierres et de poussiere, on se demande quand meme de quoi vivent les gens. Mais pres du fleuve et dans de petits vallons, on se retrouve tout a coup dans des oasis avec des arbres - des saules et des peupliers- et des champs qui commencent a etre cultives en cette saison, avec bien sur tout un art de l'irrigation. Il y a aussi des vergers d'abricotiers et de noyers, nous ne les avons pas vus mais beaucoup consomme d'abricots secs et d'huile d'abricot (tres agreable pour hydrater la peau dans ce climat aride).


















Historiquement, les gens ici vivaient uniquement -durement du fait d'une courte saison pour l'agriculture, de l'absence de combustible et du froid- d'une agriculture de subsistance (lait, laine, fromage de yak, orge, ble, fruitiers). Maintenant, il y a une grande presence de l'armee (150.000 hommes dans la region car les 2 voisins moyennement amis Chine et Pakistan sont tout pres) qui cree de l'emploi et le gouvernement central, meme s'il semble bien loin dans les vallees reculees, subventionne aussi et a cree des ecoles, hopitaux, dispensaires. La construction de bonnes routes continue d'ailleurs un peu partout dans la region mais il semble qu'ici aussi, ce sont majoritairement des nepalais et des nepalaises qui se chargent du sale boulot: casser des caillous a 4000m d'altitude en etant loges dans des tentes de fortune et sans aucune protection... ce n'est definitivement pas les vacances pour tout le monde...

Les maisons sont de gros cubes a un ou deux etages en briques de boue fabriquees sur place (et sans doute remplacees souvent), aux murs blanchis avec un toit plat sur lequel le foin seche et isole la maison en meme temps. Les plus anciennes ont de toutes petites fenetres car dans le temps, il n'y avait pas de vitres ici. Les plus recentes ont beaucoup de fenetres en bois a croisillons, souvent sur toute la facade sud pour profiter de la chaleur du soleil, et avec des plafonds de bois.  

Nous avons la chance d'habiter dans une de ces maisons avec une vue epoustouflante sur le palais de Leh et les montagnes autour.
La fenetre de notre chambre a Leh

 Il nous reste encore quelques jours pour parcourir et essayer de mieux comprendre cette magnifique region, mais pour l'instant, encore plein de bonnes vibes du pays du Bouddhas et des cols et grosses bises,

Cecile